samedi 4 février 2012

L'homme qui dort



Tu sais,
Quand je suis assis sur une chaise
Et que tout commence à tourner,
Je me vois refaire les mêmes gestes
Et les mêmes paroles
Pendant que la Lune chante
La même chanson.

Alors je parle
à l'Homme qui dort
Je parle à quelqu'un qui ne peut pas me répondre
Parce qu'il est plongé dans ses rêves
Et qu'il ne veut pas en sortir
Parce qu'il ne lui reste plus que ça

Rêver
Rêver c'est croire
Et que croire quelque part ce n'est plus aimer
Et que c'est dur d'aimer
Alors je préfère croire

Dormir
Mourir
Sentir encore une fois le sable frais sous mes pieds, ou le goût sucré du gâteau, un pas loin de la lumière bleue, qui comme un gyrophare, tourne dans le vide

Vidée
L'envie de se lever
Vidée parfois l'envie de prendre le visage qui est assis devant moi
D'y mettre de la couleur et de la poésie
Pour qu'il devienne moins gris
Plus beau.
Plus beau, comme le vaste paysage
Qu'on ne rêve plus dans le futur, ni dans le passé,
Mais là, maintenant, tout de suite.


J'ai souvent cette impression
Que ce que j'ai fait jusqu'à maintenant
C'était écrire ma poésie
Sans écouter celle des autres

Continuer à rêver
Sans accepter de regarder la réalité 
Rester sur le pont, et me prendre la vague en pleine face.


Est-ce qu'il nous est encore permis de rêver?

L'homme qui dort
Ne rêve peut-être pas
Il dort d'un sommeil sans image
Peut-être même qu'il est mort
Peut-être même qu'il a découvert ce qu'est la vie
Et en a décidé de son sort.

Je suis un Homme qui dort
qui rêve de voir partir les vents froids de l'hiver
de mettre sur mon visage la peinture blanche de la neige
Et le rouge sur mes lèvres

Et me réveiller en douceur
Là où il fait chaud.